Je m’appelle Floriane CAZALAA, je suis psychologue clinicienne depuis 2020 et je travaille à l’ Association IRSAM, au sein du pôle adulte à Marseille.
Après un long parcours universitaire ainsi que des jobs étudiants variés et enrichissants, j’ai travaillé dans un premier temps au sein de plusieurs EHPAD, où j’ai été marquée par la situation des personnes accompagnées, des familles et professionnels en sortie du confinement. Suite à ce remplacement, il m’a été proposé un poste à mi-temps au sein d’une clinique psychiatrique (réinsertion, resocialisation, réhabilitation). Je connaissais l’Association IRSAM, c’est pourquoi j’ai été ravie de pouvoir y postuler, avant de l’intégrer à l’été 2021. Mon arrivée s’est faite progressivement, dans un premier temps à mi-temps dans le cadre d’un remplacement, puis à temps plein en janvier 2022.
Ma principale mission, selon moi, est d’offrir un espace d’expression et de veiller au respect de la vie psychique des personnes. Favoriser la rencontre, créer du lien et offrir un espace d’écoute sous toutes les formes sont essentiels. Tout cela peut se faire durant des entretiens individuels, des ateliers (émotions, yoga, VARS…), des activités, sorties, inclusion citoyenne, rencontres, et même pendant le partage d’un repas avec certains.
Au quotidien, je travaille auprès des personnes accompagnées, avec les équipes de IRSAM Ruissatel – Garlaban et de IRSAM Les Nénuphars, ainsi qu’au sein de l’équipe Passerelle Handisens 13. Je rencontre également les familles qui le souhaitent. Je travaille aussi avec les équipes de direction et suis en lien avec certains partenaires extérieurs. A travers ces principales missions ainsi que mon implication dans le projet d’habitat inclusif notamment, je souhaite faciliter l’autodétermination des personnes, contribuer à la mission de l’Association IRSAM qui est de leur offrir les conditions favorables à un épanouissement personnel, un accomplissement de soi : soutenir leurs capabilités et leur place dans la société.
Depuis peu, une nouvelle mission m’a été proposée, celle d’intégrer la table des coordonnateurs du Réseau Francophone en Déficience Sensorielle et du Langage (RFDSL), où j’ai le plaisir de relayer Pascal CLAUSON. Il s’agit de faire du lien entre le Réseau et notre association, ainsi que d’autres organisations, promouvoir les actualités, favoriser les échanges de pratiques, valoriser les innovations de terrain etc.
Je dirais que le rôle d’un psychologue est complémentaire à ceux des autres métiers d’accompagnement qui constituent nos équipes professionnelles. Le psychologue fait partie de l’équipe, mais tient également une position en dehors. En effet, les attentes envers le psychologue ne sont pas les mêmes, nos missions quotidiennes non plus et nous ne sommes pas dans les accompagnements du quotidien. Cela induit un rôle, une place différents. A notre manière et à travers notre posture professionnelle, nous sommes vigilants à maintenir éveillées notre observation clinique, nos réflexions et analyses propres à notre domaine. Cela nous permet d’être dans la clinique et de bénéficier de nos leviers d’intervention. Ainsi, l’interdisciplinaire a une grande valeur, une richesse. On remarque d’ailleurs que les personnes accompagnées différencient les rôles et s’y repèrent. Ils n’adressent pas les mêmes choses aux différents professionnels.
J’ajouterais que mon rôle est aussi de m’adapter et d’être dans le lien. Cette disponibilité favorise les relations entre collègues, mais aussi le travail ensemble. Nous faisons régulièrement des binômes en ateliers, travaux de groupe, réflexions cliniques et c’est à mon sens qualitatif. En tout cas, c’est comme cela que j’aime travailler.
Comme évoqué juste avant, il m’est précieux de favoriser le lien et de soutenir la rencontre. Je m’adapte donc aux personnes et tente d’ouvrir différents espaces dans lesquels chacun peut venir s’inscrire s’il le souhaite. Comme dans tous les aspects relationnels de la vie de chacun de nous, la relation avec les personnes accompagnées se crée progressivement au fil du temps et de manière singulière, elle se présente sous toutes ses formes ! Elle est aussi à entretenir et je tente de mon mieux d’en prendre soin et de maintenir cette confiance, cette alliance construite au fil du temps.
Bien sûr, certains ne s’y inscrivent pas, et je respecte pleinement cela. Je me tiens toujours disponible s’ils le souhaitent.
Il en est de même avec les familles, certaines me sollicitent, certaines se saisissent de l’espace proposé, d’autres moins ou pas du tout. Je veille simplement à donner la même disponibilité pour toutes et tous.
Ma priorité première est de contribuer au bien-être et à l’accomplissement des personnes accompagnées au sein de nos établissements et services. Vivant un handicap sensoriel, elles se trouvent souvent dans l’adaptation, et ce même lorsqu’elles ont des troubles associés importants. Il me semble primordial de valoriser leurs grandes compétences et capacités, de soutenir leurs possibilités, mais aussi leur culture ! C’est en partie pour cela que l’adaptation a une grande place dans ma pratique.
D’autre part, une autre de mes priorités est d’avoir de bonnes relations avec les professionnels et de travailler dans le respect et la bienveillance. C’est un besoin important pour moi. De même, j’ai aussi besoin de sans cesse développer ma pratique de la langue des signes française et mes connaissances dans le champ du handicap sensoriel.
Aussi, il est essentiel pour moi d’être investie dans toutes les sphères de mon travail. J’ai à cœur de tenir mes engagements, d’être dynamique, de chercher à améliorer ma pratique, mes compétences.
L’Association IRSAM, c’est pour moi avant tout, un profond engagement pour les personnes vivant un handicap sensoriel, qu’elle tient depuis ses fondements. L’Association IRSAM c’est aussi un rayonnement, par son implantation sur différents territoires visant à offrir un accompagnement spécifique aux différents profils des personnes concernées. Cette implantation contribue aussi à faire avancer les enjeux sociétaux liés au handicap sensoriel sur ces territoires.
C’est aussi le portage de projets d’innovation, culturels, inclusifs, l’Association IRSAM se donne les moyens d’être tournée vers l’extérieur, de promouvoir le lien entre les organismes, partenaires et plusieurs pays.
Elle offre aussi aux salariés la possibilité de se former, d’évoluer, de s’impliquer et de se réaliser. A titre personnel, je rajouterai que l’Association IRSAM me permet de vivre des expériences que je n’aurais pas vécues ailleurs.
Le regard que je porte sur le handicap est globalement le même que le regard que je porte à toute situation de vie qui nécessite parfois un certain « coup de pouce ». J’ai bien sur une sensibilité particulière pour le handicap, sans doute du fait de différentes expériences personnelles et de mon parcours. Il me semble impératif d’équilibrer les chances d’accomplissement, l’accès à la citoyenneté qui est un droit, et tout ce que cela implique. Nous repérons toujours une méconnaissance des différents handicaps, et en particulier des handicaps sensoriels. Notre société vise à proposer davantage d’accessibilité et d’inclusion mais cela n’est pas assez ! Prenons l’exemple très simple de l’accès à la Culture, par exemple aux visites guidées ou bien au cinéma, et de la difficulté à avoir des films sous-titrés (et la rareté des films français sous-titrés qui plus est !). Il en est de même pour l’autonomie dans les déplacements des personnes ayant un handicap visuel mais aussi moteur ; quel challenge de se déplacer à Marseille ! J’estime que les personnes concernées devraient être pleinement intégrées à ces réflexions. Comme elles le disent d’ailleurs si justement ; « ne parlons pas d’eux, sans eux » ! IRSAM a un rôle important et peut venir solliciter certains leviers (projets d’habitat inclusif, d’entreprise adaptée, sensibilisations, mobilisation dans les évènements, visibilité de l’association etc.).
Beaucoup d’anecdotes pourraient être évoquées… mais pour aujourd’hui, je souhaiterais tout simplement partager ma reconnaissance envers les personnes IRSAM Les Nénuphars et IRSAM Ruissatel-Garlaban ! Merci à ces personnes qui m’ont appris tellement en LSF et qui continuent de le faire, merci à ces personnes IRSAM Les Nénuphars pour leur indulgence et leur adaptabilité quand je tâtonnais dans les déplacements avec elles à mon arrivée ! Merci pour les surprises qu’elles nous font vivre, les challenges à relever ensemble ! Merci pour leur patience et leurs coups d’éclats ! Quand je vois l’évolution de certains hommes et femmes accompagnés, il n’y a pas plus belle anecdote. Continuons de croire en eux et de leur donner la chance que la société ne leur permet pas toujours.