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Portrait métier #4 – David HOAREAU, Instructeur de Locomotion

11 juillet 2022

David Hoareau travaille à l’Institut d’Éducation Sensorielle de La Ressource depuis 2003. Après une licence en Sciences de l’Éducation et une formation d’Éducateur spécialisé, il a travaillé pendant 8 ans auprès de jeunes sourds de La Ressource, de 2003 à 2011. Après une formation ICACS (Intervenant Conseil Accessibilité Compensation Sensoriel) en 2012, il a obtenu son Certificat d’Aptitude à l’Éducation et à la Rééducation de la Locomotion auprès des personnes Déficientes Visuelles (CAERLDV) en 2020. 

Pour David, l’Association IRSAM c’est là où il travaille depuis 19 ans, c’est l’association qui lui a fait confiance en 2003 en lui donnant un CDI. Cela représente aussi les seuls établissements de l’île consacrés aux déficients auditifs et visuels, et qui évoluent chaque année : « On est passé d’un établissement où on recevait tous les enfants sur place, à désormais 80% des actions qui sont menées à l’extérieur. »

Quand on demande à David quel est son regard sur le handicap, il nous explique avec le sourire qu’il a dépassé ça depuis quelques années, il le prend plutôt avec humour, c’est sa façon de dédramatiser les choses avec les jeunes. Comme ça il peut parler de tout, rire du handicap avec eux, c’est son approche à lui : « Avec les jeunes on va souvent plaisanter de ça, un enfant va me dire ça fait longtemps qu’on s’est pas vus ! Et je vais lui dire  : mais tu ne m’as jamais vu ! Après l’étape de la pitié et de la peur, j’ai compris que l’on ne pouvait pas leur rendre la vue, mais mon but c’est de leur permettre de vivre sans la vue ou avec une déficience visuelle. »
Son anecdote préférée : « Une jeune aveugle qui m’a dit un jour : je veux plus te voir ! »

La mission de David concerne le progrès individuel de la personne : il propose des séances d’éducation et de rééducation pour des jeunes aveugles ou malvoyants, afin de leur permettre d’être le plus autonome possible dans leurs déplacements et de se déplacer en toute sécurité dans des lieux connus ou inconnus.   

Il intervient également pour des actions de sensibilisation à la déficience visuelle, à travers une approche environnementale, car « on ne peut pas agir uniquement sur la personne, il faut aussi agir sur ce qui l’entoure. Je vais prendre un exemple : le jeune est accueilli dans un établissement ; on va proposer à la classe une sensibilisation à la déficience visuelle pour faciliter l’intégration de ce jeune au niveau de son lieu d’études, pour que ses camarades se mettent à sa place, qu’ils aient les bonnes attitudes et qu’ils l’aident quand il faut l’aider. »     

Son métier consiste aussi à émettre des propositions d’aménagements sur l’approche environnementale et les lieux d’accueil. Il est là pour suggérer l’aménagement de bandes d’éveil et de guidage, un travail sur les adaptations, les contrastes, les reliefs, la luminosité…

L’instructeur de locomotion, c’est celui qui apprend à l’enfant à se déplacer tout seul en sécurité. Lorsque les parents voient que leur enfant est capable de se déplacer tout seul, d’aller de la maison à son collège, de prendre le bus tout seul, ils sont fiers et  confiants. Mais il y a un vrai travail de confiance à instaurer avec l’enfant et les familles. Certains ne voient que les difficultés de l’enfant mais pas ses possibilités. Notre objectif, c’est vraiment de l’accompagner au maximum de ses possibilités en termes d’autonomie : marcher seul, faire seul des trajets, pouvoir demander de l’aide et pouvoir refuser.

Mes priorités c’est l’autonomie, en fonction de chaque situation, pouvoir mesurer le potentiel de chaque enfant, et l’amener au maximum de ses capacités, c’est cela qui me guide chaque matin quand je me réveille !

L’instructeur en locomotion travaille seul la plupart du temps, mais l’équipe de IRSAM La Ressource va travailler en lien avec lui sur le projet de l’enfant. Il intervient dans le cadre de ses missions puis un travail commun est mené avec l’orthoptiste. Il est aussi amené à travailler dans un cadre collectif, lors des transferts et sorties, avec des enseignants et éducateurs. Ces professionnels vont avoir un regard pluriel sur la situation pour accompagner l’élève dans l’activité.          
Ils sont tous complémentaires : « L’accompagnement de l’enfant va primer dans le cadre de notre accompagnement, par rapport à son projet et ses objectifs. On va faire en sorte de développer l’autonomie, la capacité de l’enfant. C’est un travail complémentaire sur un objectif commun qui est spécifique à l’enfant et à la situation. »

En parallèle de son activité David a créé, en 2013, une association de football pour aveugles : Cécifoot Réunion, afin d’allier travail et passion pour le football. Cela permet en dehors de l’Association IRSAM de travailler une autre autonomie à travers une pratique sportive, avec des jeunes qui ont souvent quitté l’établissement. Cette belle initiative lui a donné l’opportunité de visiter les quatre coins du globe grâce à plusieurs projets : Rio, Guadeloupe, Madagascar, Mayotte, Maurice… Cela permet surtout aux jeunes de découvrir autre chose,  parfois même pour certains de les faire sortir de la mendicité.         
Un élève de David est depuis en équipe de France de Cécifoot, il a été qualifié pour les Jeux paralympique de Tokyo et a obtenu la médaille d’argent aux JO de Londres : « Tous les jeunes déficients visuels ne pourront pas réussir à l’école mais il existe d’autres voies, pas forcément exploitées, qui peuvent donner un équilibre pour s’en sortir. Le sport peut être un formidable support pour un déficient visuel, ce qui n’est pas forcément assez mis en avant comme possibilité de développement et de réussite. »

Pour en savoir plus, visitez la page Facebook de l’association Cécifoot Réunion

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