Une journée institutionnelle IRSAM dédiée à la thématique « Transformation de l’offre médico-sociale & immobilier » a été organisée sur le site historique IRSAM Notre Dame à Marseille et en visioconférence avec les équipes IRSAM Lyon et La Réunion.
Après une ouverture par Ambroise ARNAUD, Président de l’Association IRSAM, le Directeur Général Philippe PILLON a rappelé comment avait été préparée en amont cette journée : l’encadrement IRSAM interrogé sur sa vision de l’avenir des personnes accompagnées dans les ESMS IRSAM ainsi que leurs éventuelles craintes et appréhensions et les leviers et opportunités entrevues, permettant ainsi une introduction pertinente de cette journée :
Quelle vision de l’avenir des personnes accompagnées dans nos établissements médico-sociaux ?
« La vision porte sur la qualité des accompagnements qui se veulent, modulaires, diversifiés, innovants, agiles, itinérants favorisant les interactions avec l’extérieur. Pour les plus audacieux, la vision est un service à la carte servi à quelqu’un qui en fait expressément la demande. La vision prend en compte l’inclusion, l’autodétermination et propose un classement des accompagnements réalisés en dehors de nos établissements et ceux qui relèveraient toujours de nos établissements, au dehors les situations les plus simples avec une présomption d’inclusion forte, en dedans les situations les plus compliquées avec une faible présomption d’inclusion. La vision prend également en compte le partenariat à développer avec d’autres intervenants et introduit la place et le rôle de la famille (des aidants), elle interroge la prise de risque si la personne quitte la protection de l’établissement. La vision tend à confirmer la recherche de l’autonomie pour la personne, par l’intensification de dispositifs, politiques, démarches qui améliorent et renforcent à la fois la compensation et l’accessibilité, sans leurrer et tend à rendre une fonction sociale réelle, propice à l’épanouissement de chacun.
Cette vision génère-t-elle chez vous des craintes, des appréhensions ?
Pour certains, pas de crainte ni d’appréhension dès lors que l’accompagnement se fait au rythme des personnes. Pour d’autres, les principales craintes et appréhensions sont de deux ordres :
La transformation de l’offre médico- sociale étant présentée comme relevant d’une évolution de la société qui deviendrait plus inclusive et capable d’accepter les différences, la capacité de faire société ensemble est interrogée ainsi que la question des moyens peu abordée. Enfin, on retrouve la préoccupation selon laquelle le « tout inclusif » ne peut pas concerner tout le monde et que la place dans un établissement reste une réalité estimée incontournable en cas de situation compliquée, d’isolement familial, de double vulnérabilité par exemple.
Quels sont les leviers et les opportunités que vous entrevoyez ?
L’opportunité découlant de la transformation de l’offre dont le virage inclusif, est une dynamique retrouvée du secteur médico-social, une reprise de mobilité et d’agilité qui permet de sortir des murs et montrer à tous les savoir-faire mobilisables et s’enrichir des expériences d’autres équipes. Le partenariat à concevoir avec d’autres acteurs serait propice à un développement harmonieux des accompagnements sur un territoire donné et serait à privilégier dans le cadre de réponse à appel à projet ou à manifestation d’intérêt qui eux-mêmes favorisent l’émergence de nouveaux dispositifs très mobiles (plateformes, équipes mobiles…). L’opportunité est appréciée aussi pour la personne accompagnée elle-même qui devient autrice et actrice de son processus d’accompagnement, capable de faire valoir son expérience et de la partager. Cette évolution peut entrainer un changement de posture professionnelle qu’il est nécessaire d’accompagner par de la formation et de l’adaptation au poste de travail. Si nos établissements se vident, la diversification des publics accueillis pourrait être réfléchie.
Avez-vous une expérience à nous partager ?
Il est pris appui sur les équipes mobiles, la passerelle Handisens, les dispositifs de l’inclusion scolaire (EMAS, UEEMA…), établissement hors les murs, l’accueil séquentiel, la préparation en amont avec la famille et la personne elle-même, l’utilisation des nouvelles technologies au service de la sensibilisation et formation aux accompagnement de différents handicaps.
Le score obtenu sur la transformation de l’offre médico-sociale IRSAM entre 1 à 10 (10 étant la note maximale en faveur de cette évolution) est de 7,7/10 avec la note la plus basse à 5 et la plus haute à 10.
Quatre expériences ont été présentées en lien avec la thématique :
Ont ensuite été proposés aux participants quatre ateliers, inspirés par la méthodologie « design thinking » et animés par LOWPITAL qui avait préalablement interviewés des personnes accompagnées, familles et professionnels IRSAM afin de préparer ces ateliers :
Atelier 1 : Comment tirer meilleur profit des savoirs expérientiels ?
La personne accompagnée et son entourage sont « détenteurs de savoirs d’expérience » (rapport PIVETEAU 2). Ces savoirs sont utilisés par la personne accompagnée pour construire son projet de vie. Des personnes en situation de handicap s’investissent en tant que pair-aidant et entrent dans une relation d’aide avec d’autres personnes vulnérables, relation d’aide qui était jusqu’à maintenant plutôt l’affaire des professionnels. (Cette dernière phrase est peut-être inutile, pas la peine d’opposer les modèles ?).
Deux premières réflexions découlent de ce constat.
Atelier 2 Comment favoriser l’autonomie des personnes accompagnées ?
La transformation de l’offre médico-sociale repose sur la volonté de trouver une place pour tous dans la société. L’autodétermination vise à ce que les personnes accompagnées gagnent en pouvoir d’agir. L’inclusion dans le milieu ordinaire de vie devient le modèle dominant.
Ce modèle peut s’opposer au modèle précédent d’institutionnalisation. Comment le modèle précédent s’ouvre à l’inclusion ? Une coexistence est-elle envisageable ? Faut-il à des moments de l’accompagnement recourir à accueil en milieu dit spécialisé ? De quel accompagnement a besoin une personne en situation de handicap en dehors des établissements médico-sociaux ?
Atelier 3 Comment soutenir les développements de compétences et d’expertises, pour nous et pour les autres ?
On a longtemps travaillé à l’intérieur de murs institutionnels auprès d’un public estimé inadapté (à la vie en société), entre nous, dans des relations de très grande proximité, selon des échanges rapides et courts entre les professionnels.
Il nous est proposé d’aller exercer nos métiers à l’extérieur, là où vit et évolue la personne en situation de handicap et nous devons entreprendre des partages d’informations et de connaissances avec de nouveaux intervenants professionnels.
Comment nous préparons-nous à cette transition ? Quels sont nos besoins pour garder une vision globale de l’accompagnement ? Nos interventions se limitent-elles au bénéfice de la personne accompagnée ?
Atelier 4. Quels acteurs et quelles nouvelles activités pourraient compléter nos offres de manière pertinente ?
Puisque nos activités historiques ont vocation à être réalisées à l’extérieur de nos établissements, on peut penser que de nouvelles activités complétant notre offre médico-sociale puissent émerger et être installées là où de la place devient disponible.
Quels partenariats seraient-ils utiles de concevoir pour compléter notre offre médico-sociale ? Vers qui se tourner ?
Après un déjeuner buffet partagé sous le préau de la MAS IRSAM Les Chanterelles, la restitution du travail mené dans les ateliers a pu avoir lieu en plénière. Les retours et productions réalisées lors de ces temps de travail feront l’objet d’un document partagé qui sera envoyé aux participants et qui mettra en exergue les différentes actions pouvant être menées au sein de IRSAM.
Pour clôturer la thématique, nous avons eu l’honneur d’avoir l’intervention de deux experts du secteur sur le sujet :
Ils ont pu ainsi rappeler le virage inclusif nécessaire dans notre secteur et à imposer comme fil conducteur tout en ayant la personne accompagnée au cœur de nos missions.
Cette journée très riche en partage s’est ensuite poursuivie avec la traditionnelle Assemblée Générale de l’Association, le Rapport moral du Président, un Point d’étape du projet associatif CAP ASSO IRSAM par le directeur Général, le Rapport financier par Corinne TROSSET et le Bilan social par Carole EVRARD, le rapport Commissaire aux comptes (CAC) et les votes des résolutions.
Un cocktail dinatoire servi par Hiver comme & Thé a clôturé cette journée particulièrement riche en enseignements, partages et expériences.