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Ensemble, favorisons l'autonomie

UN PARTENARIAT INNOVANT EN CONFINEMENT

31 juillet 2020

REGARDS CROISES entre salariés des Primevères et Clairefontaine

L’accompagnement et le public entre l’IES Les Primevères et le Foyer Clairefontaine sont différents, pourtant la proximité géographique et la direction commune ont grandement favorisé l’entraide et le volontariat pendant la période de confinement.

Stanislas Ricard & Christine Deceur de l’IES Les Primevères 

Moniteur-éducateur depuis juin 2018 à l’IES Les Primevères, Stanislas est arrivé pour son stage de fin d’études. Fort aujourd’hui de plus de 2 ans d’expérience, il travaille auprès d’un groupe de 4 jeunes âgés de 12 à 15 ans déficients visuels. Leur autonomie est restreinte et ils sont pris en charge par l’établissement à 100%. 

Stanislas nous raconte le début du confinement :

« Dès l’annonce du confinement le 15 mars, l’établissement a décidé de fermer les portes de l’établissement le 16 au soir. Nous avons donc eu 2 jours pour réfléchir à la situation. A partir de ce moment-là, le télétravail a été mis en place afin de garder le lien avec les jeunes et les familles. Nous avons créé des « tuttos » d’apprentissage et des outils de travail pour les jeunes, apporter du matériel adapté auprès des familles tout en prenant en compte le projet personnalisé (PPA). Au fur et à mesure, des visites à domicile ont été organisées au sein des familles pour leur offrir des moments de répit. Environ 2 à 3 semaines après le confinement, la direction de l’IES a informé les salariés que Les Primevères allait recueillir des résidents de Clairefontaine en quarantaine. Une demande de volontariat a donc été envoyée auprès des salariés des Primevères. Une quinzaine de salariés a répondu présent. » Stanislas en faisait partie…

Pourquoi avoir pris cette décision ?

« Mon premier métier est l’accompagnement des personnes, c’est la base. J’avais besoin de partir de chez moi et je souhaitais acquérir une nouvelle expérience avec des publics que je ne connaissais pas (autre déficience et public adulte). J’avais du temps disponible et j’ai eu envie de le donner à l’association. »

Stanislas nous raconte la suite de cet engagement :

« La direction est revenue vers nous avec des créneaux horaires pour intervenir auprès de résidents. La première fut Solange, puis ce fut Thérèse et enfin Vincent, tous les trois en quarantaine à l’IES. 

Auprès de Solange, la notion de distance et les protocoles à respecter furent complexes pour l’accompagner. Il était nécessaire d’éviter de trop passer de temps avec les résidents ce qui n’était pas facile… Mais grâce à la présence des salariés de  Clairefontaine qui nous ont présenté leurs spécificités, leurs goûts…, nous avons réussi à travailler auprès d’eux. Clairefontaine nous a également apporté des outils pour échanger avec les résidents. Il fallait se faire comprendre, ce qui était délicat car on a tendance à interpréter… On échangeait beaucoup entre collègues sur le ressenti des résidents et les techniques de communication. Au fur et à mesure, on a progressé. Beaucoup de liens se sont ainsi formés avec les équipes Clairefontaine. C’était très intéressant. »

Et aujourd’hui, cette expérience a-t-elle modifiée votre pratique et vos relations avec Clairefontaine ?

Stanislas peut imaginer des activités partagées entre les jeunes des Primevères et les résidents Clairefontaine car des similitudes d’accompagnement sont apparues. Les échanges sont facilités avec les collègues de Clairefontaine. Dans l’accompagnement au quotidien des jeunes, Stanislas en ressort enrichi. Il a su « sortir de sa zone de confort », et ainsi repenser son métier. Grâce à cela, il s’est enrichi professionnellement. Il voit les jeunes sous un autre regard. Il avait tendance à être davantage dans l’action pour se sentir utile. Avec cette expérience, il posera un regard différent sur les jeunes qu’il accompagne et ainsi pourra penser à des solutions pour davantage communiquer avec eux et ainsi mieux les comprendre. 


Infirmière à temps plein aux Primevères depuis 16 ans, Christine rencontre régulièrement les 62 enfants accueillis dans l’IES, principalement sur site. Sa mission principale est de veiller à leur santé et leur bien-être. Elle est en lien régulier avec les familles et notamment dès la survenance d’un problème médical. Elle coordonne également les informations avec les deux médecins des Primevères et les médecins et intervenants extérieurs. Le relationnel est très important dans son quotidien. 

Christine nous raconte le confinement :

« J’ai continué mes missions jusqu’à la présence des enfants. Puis ce fut la période en télétravail, sans les enfants… Il a alors fallu s’adapter et s’organiser. Ce ne fut pas facile car mon métier est principalement dans le « faire » autour du soin. J’ai poursuivi les relations avec les parents, les médecins, notamment pour les traitements. Puis l’établissement nous a posé la question du volontariat afin de prendre en charge les résidents de Clairefontaine en quarantaine à l’IES. Ce fut une évidence pour moi d’accepter, car je me sens davantage utile sur le terrain. »

Comment avez-vous vécu cette période ?

« Cela s’est très bien passé, on a été très accompagné par les professionnels de Clairefontaine. La difficulté essentielle fut la communication avec les résidents. Pour cela, nous avons été soutenus par les infirmières et  éducateurs de Clairefontaine. Ils nous ont indiqué les premiers gestes pour communiquer. Je me suis particulièrement occupée de Thérèse qui avait besoin de soins après avoir été opéré d’une fracture. J’ai appris à échanger avec elle, et même avec un masque ! Thérèse nous a également beaucoup aidés en étant particulièrement facilitante, en nous apprenant des signes. Nous étions dans une relation inversée, c’est elle qui nous aidait, ce fut très intéressant. J’ai eu des échanges intenses avec les salariés Clairefontaine. Ce fut un véritable partenariat. » 

Qu’en retirez-vous ?

« Il est possible d’inventer « quelque chose » avec les résidents et salariés de Clairefontaine. Et je souhaite poursuivre des échanges de pratiques avec les salariés de Clairefontaine, sur notamment, du matériel ou encore une organisation particulière… Les infirmières de Clairefontaine avaient par exemple, travaillé sur les protocoles sanitaires ce qui nous a permis de les mettre en place aux Primevères (gestes barrières…). La mise en pratique que nous avons eue avec les résidents de Clairefontaine nous a permis d’être mieux préparé lors du retour des jeunes à l’IES. J’en retire une très bonne expérience et la LSF n’est pas vraiment facile, j’aurai besoin d’une bonne formation ! », termine ainsi Christine, avis aux volontaires !


Aurore Legay & Céline Litim de Clairefontaine 

Aurore, infirmière a rejoint l’association IRSAM en novembre 2019. Au sein de Clairefontaine, elle assure le suivi médical de l’ensemble des résidents, une cinquantaine en moyenne.

Elle nous explique le confinement :

« Dès le début, les résidents n’ont plus été autorisés à sortir de l’établissement. Naturellement, il pouvait y avoir certains résidents qui sortaient par accident ou pour des raisons liées à leur santé. L’établissement ne voulait pas prendre le risque que le virus rentre au sein de l’établissement. L’association a alors réfléchi pour organiser cette situation inédite et a décidé de mettre en quarantaine les résidents au sein des Primevères, l’IES ayant été fermé. Etant très proche géographiquement, c’était idéal pour garder le lien avec les résidents. L’établissement a fait appel à des salariés des Primevères pour accueillir trois résidents pendant 2 à 3 semaines. La première fut Thérèse, qui avait été hospitalisée pour un problème de santé, puis  Solange et Vincent. La collaboration avec les infirmières des Primevères s’est très bien passée. Nous leur avons expliqué les traitements et surtout nos outils de travail. Ils ont dû s’adapter à notre façon de travailler et bien sûr à nos résidents, ce qui n’était vraiment pas évident ! Nous avons échangé nos téléphones afin de garder un lien régulier. Si un besoin médical apparaissait, nous pouvions ainsi être au courant et prévenir le médecin de Clairefontaine qui assurait la poursuite des dossiers médicaux. C’était chouette ces échanges car on ne se connaissait pas du tout avant. »

Qu’avez-vous retiré de cette collaboration ?

« En début de confinement, on était très inquiet que Vincent soit en quarantaine et en fin de compte, il a adoré son séjour aux Primevères. Il a été « bichonné », des massages, des masques… tout ce qu’il aime ! Cela a été très bénéfique. Nous avons été surpris, en le bousculant dans ses habitudes, il s’est révélé. Un bel exploit qu’on doit à la compétence des salariés des Primevères. Ce fut un peu pareil avec Solange, revenu reposée et heureuse des Primevères, après avoir été « aux petits oignons » là-bas. On a pu découvrir, qu’alors qu’elle nous semblait incapable de regarder la télévision, elle a su rester devant un documentaire animalier et en plus, elle a adoré ! » C’est intéressant de voir que l’impossible est devenu possible par le changement… 

Et des idées pour la suite ?

« Je trouverai cela chouette, sur le plan infirmier, que nous puissions accompagner certains résidents avec la salle Snoozelen des Primevères. Nous pourrions être accompagné et former sur l’utilisation de cette salle. Un de nos résidents est autiste et à Clairefontaine et nous sommes beaucoup moins confrontés à ce type de handicap par rapport aux Primevères. Il me semblerait intéressant de partager sur les compétences et connaissances liées à cet handicap. » De futures collaborations bénéfiques pour les Primevères et Clairefontaine ! 


Céline, après plus de 20 ans passés au Foyer Clairefontaine dans différents services de l’établissement, est aujourd’hui coordonnatrice du Foyer de vie et du pôle d’activités. Trois missions distinctes lui sont confiées : éducatrice spécialisée auprès des résidents, coordonnatrice du service Foyer de Vie et du Pôle Activités. Cette nouvelle fonction de coordination, créée en septembre 2019, implique d’être le relais auprès de la direction afin de fluidifier la communication et d’être force de proposition. 

Comment s’est déroulée la période de confinement ?

Très vite, après l’annonce du confinement, des salariés des Primevères se sont portés volontaires pour nous aider dans l’accompagnement des résidents. C’était vraiment chouette d’avoir ce lien, cette ouverture de connaissances entre collègues. Cette collaboration partie du volontariat a été très fructueuse et nous a permis d’innover ! Egalement, pendant le confinement, nous avons créé une gazette « La Confinette », parue toutes les semaines. Ce fut, pour Karine (Vernet), Sandrine (Eude) et moi-même un énorme travail, mais nous souhaitons poursuivre cette aventure qui a eu un très grand succès auprès des familles, des résidents et des professionnels ! A présent nous nous interrogeons en nous demandant comment nous pourrions « faire le pont » avec les Primevères dans ce journal. 

Et demain, comment imaginez-vous cette collaboration ?

« Les liens entre nos deux établissements se construisent. Cette période fut « une pierre en plus à l’édifice ». 

Suite au confinement, les pratiques vont changer, on va tirer profit de ce que nous avons vécu et cela aura un véritable impact pour nos résidents », conclut Céline sur une note positive !

 
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