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Ensemble, favorisons l'autonomie

Portrait Jean-Philippe Sevagamy, bénéficiaire IRSAM SAMSAH DV – La Réunion

25 août 2022
Jean-Philippe SEVAGAMY a pu témoigner lors de l’Assemblée Générale IRSAM le 22 juin. Ce fut l’occasion pour lui de visiter le site historique de l’Association sous Notre Dame de la Garde et de rencontrer les professionnels du siège ainsi que les membres de la Congrégation des Sœurs de Marie Immaculée, à l’origine de l’Association IRSAM et toujours présentes sur le site.
Nous vous proposons de découvrir son témoignage de vie, illustrant l’importance de l’autodétermination et du pouvoir d’agir des personnes en situation de handicap. 
 
« Je suis né le 12 octobre 1971 à Saint-Louis. J’ai passé une scolarité normale, de la maternelle passant par le collège et le lycée mais avec beaucoup de difficultés notamment, pour lire le tableau car j’avais déjà une importante myopie et arrivais seulement à lire un journal et à me déplacer. Mon adolescence a été marquée par ma timidité.
En février 1989, j’ai perdu la vue de l’œil gauche suite à un décollement de la rétine. J’ai donc eu de grosses difficultés pour suivre les études supérieures.Fin juillet 1990, je suis orienté dans un autre établissement que IRSAM La Ressource à Sainte Marie qui à cette époque ne pouvait pas me prendre en raison de mon âge. J’ai ainsi été admis au foyer IRSAM Barre d’Jour vers l’atelier protégé pour les personnes déficientes visuelles.Début mai 1992, on m’a proposé une formation en vue de l’obtention d’un brevet professionnel horticole au centre de la Villeneuve Sainte-Odile dans les côtes d’Armor à Plénée-Jugon.Par la suite, un an après, on m’a proposé de créer une micro-entreprise horticole pour déficients visuels avec à la tête de cette aventure, 4 déficients visuels ainsi qu’un ingénieur à Grenoble.A 20 ans, j’ai ainsi obtenu mon diplôme et mon premier contrat de travail en tant que travailleur handicapé. Ma timidité avait disparu ! Au centre éducatif rural de Villeneuve Sainte Odile, j’ai gardé de très bons souvenirs car c’était la première fois de ma vie que je me retrouvais tout seul éloigné de ma famille, livré à moi-même et devant tout gérer. Ce furent des années où j’ai beaucoup échangé en rencontrant notamment des jeunes dans la même situation. C’était une période très agréable au milieu de la campagne avec des personnes simples, passionnées par les animaux de la ferme, vaches, poules, cochons… Je suis devenu un grand amoureux de la nature et je devenais fou avec mon appareil de photo car j’adorais observer et écouter tout ce qui se passait autour de moi et je m’amusais même à photographier le visage des personnes rencontrées. Avec mon télé-agrandisseur, on pouvait lire leurs expressions.
En avril 1996, ma cécité devient totale suite à mon décollement de rétine, après maintes reprises d’opérations sans succès…
Je décide alors d’entamer une rééducation fonctionnelle à Marly-le-Roi, centre de rééducation que je connaissais déjà à l’époque où j’étais malvoyant.Mon autodétermination en premier lieu a été le courage de partir loin de ma famille, d’avoir pu obtenir mon diplôme et d’avoir réussi à travailler.Le courage d’avoir pu faire face à la réalité et d’accepter de suivre une rééducation. En l’espace d’un mois, j’ai appris le braille pour communiquer.  J’ai eu le désir d’apprendre à marcher tout seul dans les rues avec une canne blanche. Je voulais être au maximum autonome et vivre normalement. J’ai également désiré aider les autres, leur tendre la main et les aider du mieux que je pouvais. 
Aujourd’hui, je suis fier d’être suivi au SAMSAH DV et de représenter les bénéficiaires IRSAM La Réunion.Je suis également fier d’avoir été le fondateur du projet adapté du brevet de secourisme pour personnes déficientes visuelles.Je suis porteur de projets adaptés que je tiens à tout prix à mettre en place avec le SAMSAH DV ainsi qu’avec la gouvernance IRSAM.Je veux travailler main dans la main sur des journées de sensibilisation car je souhaite que dans un proche avenir, le regard des personnes sur la handicap puisse changer. Pour celui qui est renfermé chez lui, qui est handicapé, je lui dirai d’arrêter de « broyer du noir » et de nous rejoindre dans notre quotidien où nous pouvons à nouveau nous rencontrer, et partager des activités adaptées ensemble.Je me bats sans cesse pour témoigner sur ma vie et partager mon quotidien.  A chaque fois que je peux, je me lance des défis pour continuer à me perfectionner au mieux car je veux au maximum atteindre une certaine autonomie et être bien dans ma peau.Je suis une personne non voyante mais je suis un être humain qui possède des qualités.Etre capable est un grand mot qui parfois peut nous faire peur et nous dévier dans une profonde solitude, alors n’ayons pas peur !Soyons sûr de nous. Luttez, battez-vous car celui qui veut peut.« Jean-Philippe Sévagamy
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