Les Pôles d’Appui à la Scolarité (PAS) sont de nouveaux dispositifs en coportage Éducation Nationale (EN) et Médico-social, financés en partie par les ARS, afin de proposer une réponse de proximité pour les élèves ayant des besoins éducatifs particuliers, de la maternelle au lycée, qu’ils bénéficient ou pas d’une reconnaissance de la MDPH.
En 2024-2025, quatre départements ont été choisis pour débuter l’expérimentation opérationnelle des PAS (l’Aisne, la Côte-d’Or, l’Eure-et-Loir et le Var).
Pour cette nouvelle rentrée 2025, un déploiement progressif de nouveaux PAS au niveau national est en place, avec plus particulièrement sur nos territoires les actions suivantes :
Dans le Rhône, ces PAS n’ont pas été soumis à des appels à candidature mais nommés par l’Éducation Nationale. Pour la rentrée 2026/2027, l’ARS Aura prévoit que le déploiement des prochains PAS sur le territoire s’exercera via des appels à manifestation d’intérêts.
A La Réunion, pour la partie médico-sociale, les PAS ont été confiés aux associations gestionnaires porteurs des EMAS (Equipe Mobile d’Appui à la Scolarisation).
Pourquoi IRSAM a été nommé pour déployer ces PAS ?
A Lyon, Claire JENOT, cheffe de services et dispositifs en lien avec l’inclusion scolaire au sein du pôle enfant IRSAM Lyon, qui pilote notamment, l’EMAS (Equipe Mobile d’Appui à la Scolarité) IRSAM installée au sein de circonscription Ecully-Lyon Duchère, nous explique :
« Notre association a été choisie parce que depuis sa création en janvier 2021, l’EMAS IRSAM de la circonscription Ecully Lyon Duchère travaille en parfaite collaboration et de manière très constructive avec les différents partenaires de l’Éducation Nationale. L’équipe a su nouer et consolider de très bons liens avec l’inspecteur de l’Éducation Nationale en charge de ce secteur, et lorsque le lancement de 7 PAS préfigurateurs a été décidé sur le département du Rhône, celui-ci a immédiatement proposé que trois d’entre eux soient déployés sur son territoire avec l’appui de l’Association IRSAM. »
Plus concrètement, l’inspecteur de l’Éducation Nationale ASH a contacté IRSAM en avril 2025 et une première réunion conjointe ARS/Éducation Nationale s’est déroulée fin mai 2025 pour confirmer l’organisation budgétaire et opérationnelle des 7 nouveaux PAS.
A La Réunion, Maël BONFANTI est chef de service PAS et EMAS pour IRSAM La Ressource :
« Durant les trois dernières années avec l’EMAS, l’Association IRSAM a prouvé son expertise concernant la logique de l’Ecole pour tous et l’accompagnement des élèves à besoins particuliers auprès des enseignants. Elle a une connaissance fine du terrain et des acteurs : Inspecteurs de l’Éducation Nationale, de circonscription et leurs équipes (Conseillers pédagogiques de circonscription) et/ou les directions d’établissements du 1er ou 2nd degré ainsi que des partenaires du secteur social, médico-social et paramédical. »
C’est quoi un PAS ?
C’est un binôme enseignant coordinateur et éducateur spécialisé.
Ce binôme intervient au sein un secteur identifié et choisi par l’Éducation Nationale (de la maternelle au lycée et public et privé sous contrat mélangé) qui a été pensé selon le nombre d’élèves (secteur d’un PAS pour l’Association IRSAM = 3400 élèves) et en fonction de l’implantation préexistantes des PIAL (Pôles inclusifs d’accompagnement localisé qui ont pour mission la gestion des Ressources Humaines et le recrutement des AESH sur un secteur donné de la maternelle au lycée.
« A La Réunion, les binômes ont été placés en fonction des PIAL préexistants. Nous touchons 233 établissements du 1er ou 2nd degré et notamment la plus grande école élémentaire de France. »
Les missions du PAS, c’est quoi ?
Claire JENOT à Lyon précise : « La porte d’entrée pour assurer la saisine des PAS est la communauté éducative de l’établissement scolaire (enseignants, AESH, direction, équipe du périscolaire) mais également directement la famille ou l’élève. C’est un vrai changement ! Le binôme pourra ensuite intervenir directement auprès de cet élève contrairement aux EMAS qui intervient davantage comme fonction ressource. »
Les réponses pédagogiques et éducatives les plus courantes peuvent être de trois ordres :
A Lyon, le PAS est également chargé de mettre en œuvre l’accompagnement humain (AESH) notifié par les MDPH pour les élèves en situation de handicap et de coordonner toute intervention de professionnels externes, notamment médicaux et paramédicaux lorsque cela est nécessaire. L’équipe du PAS travaillera de concert avec les établissements scolaires pour s’adapter aux besoins des élèves, et proposer par exemple des conditions les plus facilitantes pour l’intervention des personnels médicaux, paramédicaux et médico-sociaux au sein des écoles et établissements.
C’est l’enseignant du PAS qui sera chargé d’assurer la coordination du binôme, alors qu’à La Réunion, une logique différente a été choisie où l’enseignant et l’éducateur spécialisé seront tous deux coordinateurs. Dans le cadre de leurs mission au sein du PAS, il est à noter que les éducateurs spécialisés pourront mettre en œuvre un accompagnement des familles et une guidance parentale. Le PAS est détaché du PIAL, qui existe encore. Il agit pour une mise en réseaux des partenaires : école, famille, paramédical et libéral.
A La Réunion, par une logique de non surplombance, l’enseignant et l’éducateur spécialisé sont tous deux coordinateurs. Les éducateurs spécialisés coordinateurs mettront aussi en œuvre un accompagnement des familles et une guidance parentale. Le PAS agit pour une mise en réseau des partenaires : école, famille, paramédical et libéral.
Comment ces PAS vont être organisés au sein de IRSAM ?
A Lyon, Claire JENOT nous explique :
« Comme chaque PAS est composé d’un enseignant coordonnateur (EN) et d’un éducateur spécialisé (IRSAM), la première étape a été de recruter ces deux professionnels. Pour cela, nous avons travaillé « main dans la main » avec l’Éducation Nationale afin de sélectionner les profils des trois enseignants coordinateurs. J’ai ainsi participé à six entretiens d’embauche avec l’inspecteur EN de la circonscription, le coordinateur PIAL (directeur du collège du secteur) et la conseillère pédagogique Éducation Nationale. Les trois enseignants coordinateurs ont ainsi été recrutés dès la fin du mois du juin.
Le déploiement des 3 PAS étant prévu pour la rentrée 2025, nous avons dû être très réactives pour qu’avant les congés d’été, le recrutement des 3 éducateurs spécialisés destinés à compléter les binômes, soit assuré. Pour autant, nous nous sommes attachées à respecter les différentes étapes inhérentes au fonctionnement de nos établissements, et nous avons également travaillé avec l’ADAPEI 69 (l’autre association choisie pour assurer le déploiement des 4 autres PAS du Rhône), pour coconstruire la fiche de poste « Éducateur spécialisé PAS » qui est désormais commune.
A partir du 1er septembre, Claire nous précise que les six professionnels composant les 3 PAS IRSAM Lyon (enseignants/éducateurs) seront installés ensemble dans un vaste bureau situé sur le site IRSAM Lyon. A l’issue de ce premier mois, chaque binôme prendra place au sein de sa circonscription.
« En effet, les professionnels auront du temps pour construire ensemble leurs outils et réfléchir au fonctionnement de leurs services respectifs en prenant en compte les enjeux des différents territoires de la circonscription. Il est également primordial de collaborer avec notre EMAS afin que les deux dispositifs fonctionnent de façon très étroite et bien distincte », précise Claire JENOT.
L’EMAS sera un outil du PAS et inversement pour que chacun mène ses missions et qu’elles soient bien distinctes.
Maël BONFANTI nous explique les spécificités à La Réunion : « Nous avons recruté 10 éducateurs spécialisés coordinateurs en CDI. Nous n’avons pas participé au recrutement des enseignants de l’Éducation Nationale. Nous recruterons ensuite l’équipe d’appui technique paramédical pour les PAS du secteur Sud après évaluation des besoins de terrain. Cette équipe pourra être composée de neuropsychologue, psychologue, orthophoniste, psychomotricien, ergothérapeute, assistant social et/ou infirmier diplômé d’Etat.
En collaboration étroite avec l’Éducation Nationale, des réunions de présentation des PAS ont été organisées pour les binômes. Puis, lors de la première semaine de rentrée réunionnaise, une semaine de formation pour les binômes a été co-construite et co-animée par les Formateurs de « l’École pour Tous » de l’Éducation Nationale, l’Association IRSAM et l’ALEFPA. Les binômes sont affectés à un établissement du 2nd degré (collège ou lycée) du secteur où ils ont un bureau qui leur permet de travailler et de recevoir les familles.
A La Réunion, l’EMAS garde une place importante, elle accompagne les enseignants sur la logique de l’École pour tous et travaille en étroite collaboration avec les PAS pour apporter des réponses les plus complètes possible aux différentes situations rencontrées. Les PAS sont ouverts aux demandes des établissements dans un premier temps. Après évaluation des outils et du fonctionnement par les équipes, les PAS seront ouverts aux demandes des familles à partir d’octobre. »
Quel budget avons-nous pour ces PAS ?
A Lyon, Claire JENOT explique que chaque PAS se voit allouer par l’ARS AURA un budget de 119000€. Pour assurer le lancement des 3 PAS IRSAM Lyon, l’essentiel de l’organigramme a été pensé pour intégrer un poste d’éducateur spécialisé à temps plein, un poste de psychologue à temps partiel, une poste de secrétaire à temps plein, ainsi que des prestations de libéraux (ergothérapeute / psychomotricien) et enfin différents postes budgétaires notamment pour assurer les déplacements et fournir des équipements aux professionnels (véhicules, ordinateurs, téléphones…).
A La Réunion, le budget alloué correspond au financement de 10 postes d’éducateurs spécialisés coordinateurs et les postes de la future équipe d’appui, 10 véhicules de service, l’équipement informatique/ téléphonique des professionnels et les frais de fonctionnement.
Quels sont les enjeux de demain ?
Pour Claire JENOT, ces PAS pourraient être à l’initiative de changements importants :
Selon elle, le déploiement synchronisé et concerté de ces nouveaux dispositifs représente une étape fondamentale dans la progression du travail initié depuis plusieurs années par les politiques publiques, pour favoriser une meilleure collaboration entre le Médico-social et l’Éducation Nationale, au service de l’inclusion scolaire. Cependant, il faudra être extrêmement rigoureux et vigilants sur la clarification du « qui fait quoi » afin de ne pas générer un nouvel effet « mille-feuille ».
Selon Maël BONFANTI, « l’Ecole pour tous est une école qui, si elle peut accueillir un élève avec des besoins particuliers, peut accueillir tous les élèves. Ce déploiement est aussi la construction d’un nouveau métier, d’une nouvelle approche, d’une nouvelle culture professionnelle qui lie étroitement l’Éducation Nationale et le secteur médico-social, pour un parcours scolaire en milieu ordinaire, adapté à tous les élèves.»