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Colloque éthique, sport et handicap à la Faculté de Médecine Marseille 12 avril 2024

15 avril 2024

Organisée par l’Espace Ethique PACA Corse, cette journée fut l’occasion de valoriser l’impact du sport auprès des personnes en situation de handicap, sous un angle éthique et sociétal, la France étant le théâtre en 2024, des jeux olympiques et paralympiques, événement international retentissant.

Après une allocution de Pierre LE COZ, Directeur de l’Espace Ethique et à l’origine de cette rencontre, la parole fut donnée à des experts permettant ainsi de prendre de la hauteur sur ce thème et d’amener à la réflexion : Laurent BEN SOUSSAN, professeur de médecine ré-adaptative, Alain YELNIK, membre de l’Académie de Médecine et Jean-Michel VITON, directeur de l’Ecole de Médecine de Marseille.

La question du sport est un enjeu de santé publique, qui va améliorer la confiance en soi des personnes. Les sportifs en situation de handicap sont des témoins de l’évolution et du regard sociétal sur le handicap, le regard change et c’est grâce à ces personnes ! La notion de dépassement de soi est souvent revenue. La société civile doit donner tous les moyens pour faire avancer la pratique sportive.

Une 1ère table ronde « Handicap, sport et performance » a réuni Emmanuel CHAROT et son fils Thomas, Clara MATTEI, sportive handisport de haut niveau, Stéphanie BAUCHET, maman d’Arthur, skieur handisport français et Brigitte CHABROL, cheffe de service en Neuro-pédiatrie APHM mettant en avant la force extraordinaire des sportifs en situation de handicap.  

Un témoignage particulièrement poignant d’Arthur, qui montre que le sport permet d’apprendre à se connaître, de se donner un but et d’aller vers l’avenir « le sport m’a sauvé, j’ai appris à connaître mes limites et à me dépasser ». Sa maman Stéphanie a montré que la place de la famille ou encore de l’aidant, est essentielle « Le sport est une réelle façon d’avancer, Thomas a une force mentale incroyable, on ne comprend pas comment il peut aller si loin. Son témoignage permet de faire naître des étoiles dans les yeux auprès de jeunes en situation de handicap. Notre famille s’est toujours adaptée à lui pour trouver une solution et lui apprendre que rien n’est impossible ! » C’est une grande fierté pour elle que France TV ait choisi Thomas pour commenter les Jeux Olympiques Paris 2024 et pas seulement les jeux paralympiques : une vraie belle revanche et avancée dans le handicap !

Clara MATTEI, quant à elle, a commencé le sport assez tard, à 25 ans « je pensais que ce n’était pas forcément adapté et c’est par une communication du Comité Paralympique que j’ai été orientée vers la natation. C’est ainsi qu’en septembre 2021, j’ai démarré et cela m’a permis de créer de nombreuses rencontres, d’accepter mon corps, de changer mon propre regard sur le handicap. La question du regard de l’autre sur sa différence permet de pointer qu’on a des ressemblances. Il existe un paradoxe entre cacher son handicap ou au contraire l’amplifier pour justifier le droit au handicap. L’entourage est essentiel, l’aidant est souvent caché dans notre société et cela doit progresser. Il existe souvent la peur du préjudice notamment dans les entreprises quand on déclare un handicap. Les jeux paralympiques peuvent permettre d’ouvrir les yeux pour changer le regard de la société. Le handicap nécessite une responsabilité de la société Il y avait avant une notion antinomique entre le sport et le handicap, il y a un changement de vision aujourd’hui. »

La 2ème table ronde présentait le sport en milieu institutionnel avec les APA « Activités Pratiques Adaptées » permettant de développer la capacité motrice de la personne accompagnée pour donner une posture et être acteur. « Il est essentiel pour cela d’observer, oser et tester avec les personnes accompagnées. Elles ont besoin d’avoir un sens dans leur journée et le sport peut devenir leur raison de vivre, en diminuant leur angoisse, en les ouvrant vers l’extérieur. Le sport a un vrai rôle social. », Marina GAUVRIT, coordonnatrice APA a pu ainsi témoigner de son rôle primordial dans l’institution dans laquelle elle travaille. Elle répond à un vrai besoin de partenariats à mettre en place, de lien avec les équipes et de communication auprès des familles pour montrer le positif et les capacités des personnes. Le sport est cette année la Grande Cause Nationale et le secteur médico-social doit s’en emparer. La notion de référent APA dans les ESMS adultes est devenue obligatoire.

La course Algernon a été mise en avant avec 6600 participants dont la moitié en situation de handicap, le plus grand événement sportif inclusif proposé en France avec un objectif commun pour tous : partir du Palais du Pharo pour arriver sur les plages du Prado. Cet événement est né il y a 40 ans pour sensibiliser le grand public au handicap et arrêter d’exclure les personnes différentes. « Nous sollicitons de nombreuses écoles car la sensibilisation au handicap doit se faire dès le plus jeune âge, ce qui fait peur est la méconnaissance de l’autre. Faire la fête ensemble est une composante sociale qu’on partage ! », exprime Serge DAHAN, fondateur de l’Algernon, accompagné par le directeur de la course Arnaud CHIKLI.

Une parenthèse enchantée a suivi avec un moment de danse inclusive, présentée par l’association 6ème sens et sa directrice Cécile MARTINEZ ainsi que le projet « C’est beau », projet de danse sur la fragilité des êtres et un travail sur les cicatrices visibles et invisibles de chacun. Travailler autour du beau dans les aspects fragiles et bizarres, un très beau message « Dans la force il y a de la douceur, dans la douceur de la fragilité et dans la fragilité de la force ».

Une dernière table ronde « Handicap, loisirs et culture » a été marquée par le témoignage très émouvant de Corinne TOURAME, maman de Benoît, qui s’est complétement métamorphosé grâce aux bienfaits de l’équithérapie : « Thomas se déploie à cheval, cela lui apporte tonus, la stimulation est motrice, affective et cérébrale, Benoît et son cheval parle la même langue, ils sont tous les 2 en immersion totale dans la nature, tous les 2 des récepteurs ultra sensibles. J’ai ainsi changé mon attitude, je m’exprime avec plus de sensibilité. C’est très émouvant car Benoît était censé ne jamais avoir d’équilibre. Chaque séance est un exploit pour Benoît, c’est une vraie leçon de vie : si vous supposez que je peux le faire alors peut être que je le ferai ! ».

Un colloque à la fois inspirant, interrogeant et émouvant ; un  immense bravo à Pierre LE COZ pour l’organisation, les interventions et témoignages présentés. 

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