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L’accompagnement à domicile 

30 septembre 2025

Suite à l’accueil d’une situation complexe, dans le cadre d’un PAG (Plan d’Accompagnement Global), depuis quelques mois, IRSAM Les Cascavelles a constitué une équipe d’accompagnement à domicile. 

C’est ainsi que des aides-soignants, éducateurs spécialisés, médecin, médecin psychiatre et la direction se mobilisent pour accompagner des situations complexes où il est nécessaire d’adapter l’offre d’accompagnement aux spécificités de la situation. Ainsi, lorsqu’une personne accompagnée refuse d’intégrer l’Etablissement d’Accueil Médicalisé et, qu’en même temps, la dynamique au sein de la famille est trop impactée par les Troubles du comportement, avec l’accord de la famille et des représentants légaux, l’EAM intervient au domicile de la personne 

L’accompagnement à domicile est une nouvelle expérience pour les professionnels de IRSAM Les Cascavelles. Ils interviennent en binôme, quatre fois par semaine pendant une heure et plus avec des objectifs précis. Des duos qui changent pour ne pas créer d’exclusivité afin de créer une relation de confiance avec une équipe. La personne accompagnée va pouvoir développer de nouvelles relations sociales alors qu’elles étaient limitées à sa famille proche, sur un mode parfois fusionnel. 

L’équipe construit un parcours, avec le soutien d’une supervision, en compilant les données des différents bilansconstitués au fil des interventions : évaluation formelles, informelles liées à la communication, aux sensoriels, à l’autonomie 

Cyril SERRANO, moniteur-éducateur, et Emily SERY, aide-soignante, témoignent de cette expérience au plus près des familles et de la personne concernée 

Cyril: « L’accompagnement à domicile, ça change tout. Dans l’établissement, on est dans un cadre avec une équipe, des règles, une organisation. À domicile, on entre chez la personne accompagnée et sa famille. Il faut arriver avec humilité, respect et écoute. L’enjeu, c’est de se faire accepter sans être intrusif. La première étape, c’est de créer un lien de confiance. Une fois cette phase relationnelle et éducative installée, on peut travailler plus en profondeur pour que la personne accompagnée s’épanouisse en sécurité. 

Avec les familles, tout est question de communication et de reconnaissance de l’autre. Même si on n’est pas d’accord, il faut considérer l’autre comme légitime. Cette famille avait surtout besoin de ne pas être mise à l’écart. Au début, il y avait de la défiance : « Vous êtes les bienvenus, mais cela ne mènera à rien. » Aujourd’hui, on en est sorti. La famille participe davantage, et l’accompagnement fonctionne, pas forcément comme prévu, mais il fonctionne. 

De cette expérience, j’apprends qu’il n’y a jamais rien d’acquis. On ne peut pas viser une obligation de résultat : la relation peut très bien se passer un jour et mal le lendemain. Il faut accepter cette incertitude et avancer par petits pas, sans forcer. 

Récemment, on a proposé à la personne accompagnée d’aller faire des courses avec un petit budget, pour tester ses habiletés sociales : donner de l’argent, récupérer la monnaie, mettre les courses dans un sac, gérer la foule… Premier objectif atteint. Et il y a eu un bonus inattendu : le père, jusque-là distant, s’est joint à nous pour partager l’apéritif sans alcool. On a parlé non pas de la personne accompagnée, mais de sport, de cuisine, de randonnées… Ces moments simples changent la relation. 

L’accompagnement, c’est une affaire de liens, d’interactions, de temps. Et moi, j’apprends encore tous les jours.» 

Emily: «J’avais beaucoup de craintes au départ. Je travaille depuis 10 ans à IRSAM Les Cascavelles mais je n’avais jamais accompagné une personne à son domicile. J’ai bénéficié d’une formation et j’ai pu intégrer le dispositif qui fonctionnait déjà depuis deux mois. J’ai mis mon savoir-faire au service de l’équipe et j’ai dégrossi le terrain pour le profil sensoriel de la personne accompagnée. L’équipe, avec la psychomotricienne, va faire un bilan sensoriel.  

La personne est à son aise dans le cocon familial, mais cela complexifie l’accompagnement. Les parents sont présents et la personne accompagnée va vouloir constamment les solliciter. Parfois aussi elle ne va pas vouloir participer et va rester dans sa chambre. Il y a aussi des contraintes matérielles car nous n’avons pas tous nos outils sous la main comme à IRSAM Les Cascavelles, c’est plus compliqué de changer d’activité. 

Nous avons réussi à créer une relation de confiance. Maintenant la personne nous reconnaît tous et elle nous attend. Nous avons installé un panneau d’affichage avec nos photos et elle peut facilement savoir, à notre départ, qui sera le prochain binôme à venir chez elle. Lorsqu’elle a été hospitalisée, un binôme l’a accompagnée et cela a beaucoup facilité la prise en soins.   

Je vois déjà les évolutions positives. Maintenant la personne peut monter dans un véhicule et se rendre à un pique-nique familial, ce qui paraissait impossible il y a quelques mois. On début, c’était tabou de dire que nous étions des éducateurs de IRSAM Les Cascavelles, aujourd’hui nous sommes accueillis les bras ouverts. La famille ne se sent plus abandonnée. On leur a redonné confiance. » 

Bruno DRONEAU, Directeur de IRSAM Les Cascavelles, complète en précisant : « Dans les situations complexes, comme celle dont témoigne Cyril et Emilie, cela nous demande d’aller au-devant des personnes en intervenant là où elles se sont arrêtées. Obliger la personne à entrer aux Cascavelles aurait été un non-respect de ses droits et aurait été contreproductif tant pour la personne concernée que pour la famille. Cela aurait produit une violence qui se serait soldée par une hospitalisation. L’intervention à domicile permet à la fois de respecter le rythme de la personne et de la famille, mais aussi et surtout de réduire les troubles du comportement et le degré de violence, au sein du domicile en partageant les stratégies éducatives avec la famille. Ainsi c’est aussi la famille qu’il faut accompagner dans sa globalité en créant des espaces dédiés pour chacun. Mais en parallèle, c’est tout le partenariat avec la santé au sens large, qu’il nous faut développer, consolider. Sans eux, sans ce partenariat comme avec la santé mentale, dans ce type de situation nos interventions, trouveraient des limites, voire serait un échec. » 

En photo : Une balle de médiation.

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