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« Les nuits » à IRSAM Les Cascavelles

22 août 2024
 
L’équipe de nuit travaille de 21h à 7h dans l’Etablissement d’Accueil Médicalisé IRSAM Les Cascavelles. Elle accompagne 24 adultes avec Troubles du Spectre Autistique en internat.
Laurent BEGUE et Gérald NATIVEL sont surveillants de nuit.
Ils ont répondu à nos questions pendant les froides nuits de juillet à La Plaine des Palmistes.
Ils font partie d’une équipe composée d’aides-soignants : Marie Noëlle CHAMAND, Marie Edith NATAN et Romuald LE BLAY, et d’une Accompagnante éducatif et social (AES), Emilie FESTIN.

Présentation générale

Laurent : « J’étais déjà surveillant de nuit aux Cascavelles avant même son ouverture. J’ai été embauché par Mme Colette COTTARD il y a 16 ans pour faire du gardiennage des bâtiments. Je connais bien les lieux, j’ai grandi à La Plaine des Palmistes. J’avais travaillé dans plusieurs domaines : la restauration, la sécurité, j’ai aussi été éducateur équestre. Ici, j’aime dire que je suis Ange Gardien ou Conteur d’étoiles. Lorsque les premiers résidents sont arrivés, mon travail consistait à surveiller les caméras et à aider les aides-soignants, les AMP (Aides médico-psychologiques) ou les éducateurs en cas de besoin. Ma fiche de poste a bien évolué. »
Gérald : « Comme Laurent, je suis arrivé avant les meubles ! Ensuite les adultes accompagnés sont arrivés petit à petit et l’aventure a commencé. Une drôle d’aventure, car au début les personnes accompagnées n’étaient pas stabilisés, ils arrivaient directement de leur famille ou de la psychiatrie. J’avais une expérience dans la sécurité malveillance, le gardiennage et j’avais aussi travaillé à la sécurité des Urgences de Saint Pierre. Aux Cascavelles, on était deux au départ. »
Votre métier, votre mission, votre équipe
Laurent : « Ma mission est de garder les adultes accompagnés et les professionnels collègues entiers : que les personnes accompagnées n’aient pas de souci, que les professionnels ne prennent pas de coup, et également former les nouveaux dans l’équipe. On a une formation Sécurité : SSIAP (Agent des Services de Service de Sécurité Incendie). On travaille depuis le PC (Poste de contrôle) où on peut entendre les alarmes. On veille 3 nuits de suite puis on est de repos 3 jours. Mais notre rôle est bien au-delà de surveillant de nuit. »
Gérald : « On a été formé sur les Troubles du Spectre Autistique par des spécialistes canadiens et belges venus dans notre établissement. C’était intéressant mais on apprend surtout sur le terrain. »

Votre rôle au milieu des autres métiers

 
Laurent : « On arrive à 21h et on fait la transmission. On essaie de prendre un maximum d’informations sur ce qu’il s’est passé pendant la journée. On est une équipe fixe et sérieuse. On est rarement absent. C’est un travail compliqué et moralement difficile. On est parfois jugé sur des décisions qu’on a dû prendre seul et dans l’urgence. Mais toute l’équipe prend très à cœur le bien-être des adultes accompagnés. On a choisi de travailler la nuit pour leur bien-être avant tout, on aime l’humain. »
Gérald : « Quand on arrive, les adultes sont déjà couchés normalement. On rencontre les professionnels de jour 15 min le soir et 15 min le matin. Mais les transmissions ne présagent pas de ce qu’il va se passer la nuit sur les 4 pavillons. Avec l’ensemble des équipes, c’est parfois compliqué d’organiser les temps de repos et de coordonner les planning. La nouvelle Direction (Bruno DRONEAU, Directeur IRSAM Les Cascavelles, a pris ses fonctions en mars 2024) initie 3 rencontres annuelles entre les équipes de nuit et de jour. »

Vos relations avec les personnes accompagnées

 
Laurent : « J’ai une relation particulière avec les personnes accompagnées, ce sont un peu comme mes garçons. Certains font des nuits blanches, alors on improvise. On ne peut pas faire d’activités éducatives, ce n’est pas notre rôle, alors je leur raconte des histoires. Je suis un conteur d’étoiles. La nuit peut aussi être très agitée et cela peut être stressant. Il faut apprendre à bien connaître les personnalités des personnes pour comprendre leurs réactions. Il faut également former les professionnels collègues, cela peut être compliqué pour quelqu’un de l’extérieur de comprendre les personnes accompagnées. Comme ils ne verbalisent pas, on doit prendre le temps de se comprendre autrement, par des regards, des gestes. Il faut se mettre à leur place. »
Gérald : « Leurs comportements peuvent être très différents le jour et la nuit. Certains, on ne les voit presque pas, tandis que d’autres ne dorment pas beaucoup. Les adultes accompagnés peuvent faire ce qu’ils veulent la nuit, se balader par exemple, mais tout en respectant les autres. J’ai un lien spécial avec ceux qui ne dorment pas, une relation amicale. Parfois je me dis que je connais mieux les personnes accompagnées que je connais ma femme ! Leurs petites habitudes, des détails, comment communiquer avec eux… Par un regard, « nou koné quoi zot y ve ». Mais seulement à 70% car on peut aussi être à côté de la plaque, c’est la particularité de l’autisme.
Au départ, on était sollicités toutes les demi-heures par tout le monde en même temps. Il ne fallait pas perdre le contrôle. Avec le recul, on a bien su gérer ces situations. Il y a eu des moments compliqués.
Les professionnels doivent travailler sur eux-mêmes, l’autisme est complexe. Au bout de quelques années d’expérience, on arrive à prendre du recul et c’est stimulant. »
 

Vos priorités et vos envies

 
Gérald : « Le bien-être des personnes accompagnées est notre priorité. La sécurité est la base de tout pour un surveillant de nuit mais au cours de la nuit, on s’occupe aussi de l’hygiène, accompagner les personnes aux toilettes, nettoyer le lit… Les fonctions du surveillant vont dans le sens de l’accompagnement des personnes. On s’entraide avec l’équipe, on est complémentaire. J’ai envie quand même de plus de confort, on aura bientôt un renouvellement de nos fauteuils. C’est important pour rester vigilant. »
 
Laurent : « On aimerait faire mieux comprendre notre métier. La nuit, il faut parfois prendre des décisions rapidement et en équipe restreinte. Ce n’est pas facile. Parfois, il est nécessaire d’appeler les urgences et il faut alors attendre de longs moments stressants avant d’être relayés. »
 

L’Association IRSAM, c’est quoi pour vous ?  

 
Gérald : « IRSAM Les Cascavelles c’est comme une seconde famille. Comme je travaille la nuit et que je dors le jour, j’ai parfois l’impression de sacrifier ma vie sociale. Mais j’ai du plaisir à travailler. Sur le long terme, depuis 16 ans, on voit l’évolution des personnes que l’on accompagne. Si les adultes accompagnés sont bien aujourd’hui, c’est en partie grâce au travail de l’équipe de nuit. C’était un champ de bataille au départ que l’on a réussi à apaiser par notre présence. »
 
Laurent : « On a quelques relations avec les autres établissements IRSAM pour adultes à La Réunion car on a le même CSE (Comité Social et Economique). »
 

Votre regard sur le handicap, la fragilité …

 
Laurent : « Ce sont des gens normaux : ils mangent, font ce qu’ils veulent, ils sont bien. On est là pour leur donner du confort. »
 
Gérald : « Ce handicap est mental. On ne connaît pas le vrai fonctionnement de leur cerveau. Quand ils sont agités, ils perdent le contrôle, ils crient, tapent… »
 

Une anecdote ?

 
Laurent : « Au début, la nuit, certains adultes accompagnés m’ont fait peur : je les retrouvais soudainement dans le noir derrière une porte ou dans le jardin. Il a fallu aussi appeler le 15 parce que quelqu’un avait avalé une pile. La nuit ou le week-end, l’ambulance peut mettre plusieurs heures à arriver. »
 
Gérald : « Les professionnels me surprennent parfois en train de danser et de chanter avec les personnes accompagnées, très tôt le matin. On rigole bien et cela les aide à attendre que l’équipe de jour arrive et commence les activités. Certains d’entre eux sont très impatients dès que le soleil se lève. Je ne cherche pas la gloire, je cherche à servir simplement les personnes accompagnées dans leur quotidien.  »
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