Lors d’une séance de médiation animale, nous avons rencontré Laurent LATCHOUMAYA, éducateur sportif et médiateur animal à IRSAM La Ressource avec Kélian, jeune accompagné à l’UHR (Unité Handicaps Rares) et Maya, la chienne de Laurent.
Très peu utilisé il y a quelques années à La Réunion, la médiation animale commence à se développer et à être reconnue grâce à ses retombées en termes de soins chez les personnes en situation de handicap.
Laurent LATCHOUMAYA a allié son travail avec sa passion pour les animaux.
« Les débuts en médiation animale n’étaient pas faciles », nous confie-t-il.
« Notre première expérience, avec Maya, s’est faite avec un public souffrant de troubles du spectre autistique à IRSAM Les Cascavelles, un handicap que nous ne connaissions pas. Avec l’appui de l’équipe médico-social, nous avons pu travailler avec les personnes accompagnées ».
Il ajoute fièrement : « C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que Maya était exceptionnelle ».
Grâce à leur relation de confiance et leur parcours dans le secteur du médico-social, Maya et Laurent peuvent désormais s’adapter à des situations complexes.
C’est ainsi qu’à IRSAM La Ressource, Laurent a mis en place, deux fois par semaine, des séances de médiation animale avec ses deux chiens, Maya et Swag (leur nouveau coéquipier).
Mais concrètement, qu’est-ce que la médiation animale ?
Laurent nous explique : « La médiation animale est une pratique thérapeutique qui s’adresse à plusieurs types de personnes, qu’elles aient un handicap mental, psychique ou physique. Pendant les séances, on a recours à des animaux formés, éduqués, qui vont servir de biais pour emmener un certain bien-être, réduire le nombre de crises ou même atténuer des comportements à problème chez la personne accompagnée.
On essaie de provoquer quelque chose chez la personne accompagnée. Un jour, un enfant a fait une crise et s’est roulé par terre. Dès le contact avec le chien, l’enfant s’est calmé immédiatement. »
Laurent indique qu’en tant que professionnel, il peut, soit observer une réaction spontanée de l’enfant à la présence de l’animal, sans intention thérapeutique définie au préalable, soit construire un projet thérapeutique clairement établi par l’équipe soignante.
En médiation animale, en fonction des profils des personnes accompagnées, on privilégiera d’autres animaux tels que le cheval, la tortue, le lapin, un oiseau ou même des poissons dans des aquariums.
Mais « l’animal ne guérit pas », insiste Laurent, « la médiation animale, ce n’est pas un médicament et elle n’agit pas directement sur la problématique mais elle va jouer sur plusieurs facteurs pour atténuer certains problèmes liés aux handicaps. De plus, il faut savoir prioriser le bon animal pour le bien-être de l’enfant et de l’animal. »
Ce qui est important dans la médiation animale, c’est la relation triadique entre la personne accompagnée, l’animal et le maître. Entre ces trois êtres, et pour que les séances soient efficaces et réalisables, les relations doivent aller dans les deux sens :
Les chiens sont très sensibles. S’ils ne sont pas disponibles, l’interaction ne se fera pas. De même pour l’enfant s’il n’est pas réceptif. Dans ces cas, c’est le médiateur qui stoppe la séance.
Dans la prise en charge dans la médiation animale, une première séance est nécessaire pour observer l’interaction entre l’enfant et l’animal. Si l’alchimie fonctionne, c’est une relation qui viendra motiver l’enfant.
La médiation animale peut se faire en intérieur, la personne accompagnée peut brosser le chien, toucher ses pattes, le nourrir, changer sa nourriture, lui donner de l’eau, nettoyer l’endroit où on a brossé le chien, nettoyer le parc.
En extérieur, on va le promener, l’éduquer, lui lancer la balle, faire des exercices de sport grâce à la promenade, des parcours moteurs, sauter une haie.
L’enfant et le chien peuvent même se challenger entre eux !
Pour Kélian, ce jour-là, c’était une séance plutôt apaisante. Après avoir attaché la laisse de Maya, Kélian, heureux, est parti faire une petite balade dans la cour de IRSAM La Redoute, en présence de Laurent.
La complicité ente Kélian et Maya était au comble pendant l’activité de lancée de balles, suivie d’un petit bonbon de récompense pour Maya.
Puis, Laurent, Kélian et Maya sont rentrés en intérieur. L’occasion pour Kélian de brosser Maya, installée sur ses genoux et qui s’est laissé faire tranquillement.
Ainsi, à la fin de la séance, Kélian est reparti sereinement dans un autre atelier.