Gladys MOUTALOU, Relais coordinatrice et Educatrice spécialisée UHR (Unité Handicaps Rares) de IRSAM La Ressource intervient lors des Journées d’études du Réseau francophone en déficience sensorielle et du langage à Marseille. Accompagnée de Béatrice HYPOLYTE, Chargée de projets et Référente pédagogique Déficience Visuelle IRSAM La Ressource, elles vont intervenir sur l’Atelier n° 3 : « L’élaboration des PPA : un levier en contexte d’interculturalité pour favoriser l’épanouissement et l’autodétermination. »
Présentation de votre parcours professionnel et vos missions aujourd’hui au sein de l’Association IRSAM
» J’ai travaillé pendant 8 ans comme Monitrice Éducatrice à l’Unité Handicaps Rares (UHR) de IRSAM La Ressource, où j’ai occupé des fonctions de relais coordinatrice à partir de 2022. Mon évolution professionnelle a abouti à l’obtention du diplôme d’État d’Éducateur Spécialisé. À l’UHR, j’ai accompagné des jeunes ayant une ou plusieurs déficiences sensorielles et des troubles associés (neurodéveloppementaux, comportementaux, autisme, épilepsie, etc.). Mon rôle consistait à soutenir leur parcours dans tous les lieux de vie en utilisant des médiations éducatives adaptées, favorisant la communication et l’apprentissage par le biais de tâches fonctionnelles notamment grâce à l’appui d’outils de la CAA. J’étais également référente du Projet Personnalisé d’Accompagnement (PPA) de jeunes. J’ai pu ainsi, à partir des attentes des parents, des personnes accompagnées et l’équipe pluridisciplinaire, coconstruire avec eux des objectifs annuels. J’ai participé à la mise en place d’activités spécifiques, telles que la régulation sensorielle et la désensibilisation aux bruits et matières, afin de mieux répondre aux besoins sensoriels de ces jeunes. J’intervenais dans leur quotidien en m’appuyant sur des outils créés par l’équipe et sur les recommandations de l’ERHR et des Centre Nationaux de Recherche : Robert Laplane ou La Pépinière. Depuis quelques mois, j’interviens en soutien technique et éducatif sur l’ensemble des services de IRSAM La Ressource Nord. J’accompagne mes collègues en partageant mon expérience, leur offrant soutien et recul sur les situations complexes. »
Comment l’interculturalité impacte-t-elle l’élaboration des Projets Personnalisés d’Accompagnement (PPA) pour les enfants mahorais et comoriens en EVASAN (évacuations sanitaires) à La Réunion ?
» L’interculturalité joue un rôle central dans l’élaboration des PPA. Les familles mahoraises et comoriennes sont confrontées à des réalités culturelles spécifiques différentes de la norme réunionnaise-française. Par exemple, la polygamie, les relations familiales et la place de l’enfant, les langues pratiquées, la matrilinéarité, la matrilocalité… Pour favoriser leur inclusion et l’autodétermination, il est essentiel de prendre en compte ces particularités culturelles dans l’accompagnement. Cela implique de former les professionnels à ces réalités, d’adapter les outils de communication et de garantir que les familles soient en mesure de prendre des décisions éclairées, en particulier via un accès facilité à la langue française. Enfin, la participation des parents dans les instances décisionnelles et l’établissement de partenariats avec des interprètes formés aux enjeux médico-sociaux sont d’autres leviers clés pour une inclusion réussie. »
Quels sont les principaux défis pour les professionnels dans l’accompagnement des enfants mahorais et comoriens en contexte d’interculturalité à La Réunion ?
» Les professionnels font face à plusieurs défis majeurs dans l’accompagnement des enfants mahorais et comoriens en EVASAN. L’un des premiers défis est lié à la formation et la sensibilisation aux cultures, religions et coutumes spécifiques de ces populations. Les différences culturelles, telles que la place de l’enfant dans la famille ou les pratiques quotidiennes comme manger au sol, nécessitent une adaptation des outils d’accompagnement pour que ceux-ci soient pertinents et respectueux des réalités des familles. L’accès à la langue maternelle des enfants et des familles constitue un autre défi crucial. Il est indispensable que les professionnels travaillent à améliorer la compréhension mutuelle, notamment en facilitant l’accès à la langue française pour les familles et en utilisant des moyens de communication alternatifs comme la CAA (Communication Alternative et Améliorée) ou le FALC (Facile À Lire et à Comprendre). Il s’agit d’adapter les pratiques professionnelles pour mieux intégrer ces enfants dans un cadre interculturel tout en respectant leurs origines et leurs besoins spécifiques. «