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Table ronde sur « L’inclusion scolaire en question(s) »

21 juin 2022
Vendredi 17 juin, l’Institut pour Déficients Auditifs IRSAM IRS de Provence a invité l’ensemble de ses professionnels à une table ronde dédiée à la question de l’inclusion scolaire, au sein du Lycée Marseillevyere, à Marseille. 
 
Philippe Pillon, directeur général IRSAM, a ouvert l’après-midi en rappelant que cette thématique essentielle figure dans le rapport Piveteau, notamment pour valoriser les métiers du médico-social, qui sont aujourd’hui peu reconnus et manquent d’attractivité. Il est essentiel de mieux reconnaître le travail et les compétences de nos professionnels en prenant en compte des nouveaux métiers émergeant avec le développement du pouvoir d’agir.
Le terme « inclusion » est un terme que nous entendons beaucoup actuellement mais ce n’est pas qu’une question de sémantique, l’enjeu existe et il est nécessaire de réfléchir ensemble comment avancer « main dans la main » avec l’Education Nationale. 
L’idée de cette demi-journée était d’inviter des experts du sujet pour nous aider à discerner et à trouver des consensus. Cela prend tout son sens d’autant plus que le chantier est lancé dans le cadre de la refonte du projet associatif IRSAM depuis le début de l’année. 

Flora Peugeot, directrice adjointe de l’établissement et à l’initiative de cet événement, rappelle que l’IRS de Provence s’inscrit dans cette dynamique depuis plus de 30 ans, et ce auprès de jeunes sourds suivis dans les écoles. Cet institut a donc a une longue expérience de collaboration avec l’Education Nationale. Un enfant sur 2, suivi à l’IRS, est aujourd’hui accompagné en milieu ordinaire et ces jeunes s’adaptent chaque jour aux différents environnements proposés (sportifs, culturels, etc.).

Il existe une injonction forte aujourd’hui de désinstitutionalisation exigée par le gouvernement. L’école est là pour nous aider à inclure ces enfants. Certains professionnels sont enthousiastes et confiants face à ces mouvements mais d’autres sont plus inquiets. L’IRS de Provence poursuit son chemin de l’inclusion mais souhaite se questionner pour répondre à ces inquiétudes et avancer ensemble :

Pourquoi la collaboration « médico-social » et « éducation nationale » est-elle si complexe ? Pourquoi y-a-t-il encore des enfants sourds, accompagnés dans des institutions qu’on considère davantage protectrices ? Comment faire face aux familles très craintives au début de voir leur enfant arriver en institution et qui vont encore avoir davantage peur par la suite de les sortir pour les mettre à l’école ? Est-ce que l’école va savoir s’adapter ? Quel rôle l’Education Nationale prend et prendra-t-elle aujourd’hui ? 

Pour tenter de répondre à ces questions, Serge THOMAZET, enseignant chercheur à l’Université de Clermond-Ferrand a pu s’exprimer et rappeler la genèse de ce questionnement. La loi de 2002-2 du 2 janvier 2002 a créé des turbulences entre deux secteurs, le médico-social et l’éducation nationale. L’enjeu posé ici est ainsi de savoir comment collaborer avec deux compétences distinctes et nécessaires. L’enseignement doit devenir accessible et il existe 3 sens différents à cette accessibilité : l’accès aux savoirs, l’accès aux contenus et l’accès aux comportements des jeunes. La place du médico-social est quant à elle déterminante pour accompagner ces jeunes à l’école. C’est donc bien à deux qu’il faut chercher les solutions afin que que la scolarité des jeunes soit réussie. La scolarité d’un enfant handicapé doit être la scolarité d’une réussite scolaire. Ce sont les professionnels du médico-social qui connaissent les limites de potentiels des jeunes et il est donc essentiel qu’ils puissent les partager avec les enseignants pour que les adaptations nécessaires puissent être mises en place. 

Anne MALLURET, Conseillère technique de région académique PACA et Inspectrice Education Nationale ASH, a ensuite rappelé les nombreux dispositifs créés ces dernières années,  s’inscrivant dans cette dynamique d’inclusion. Elle nous invite à y répondre : unités d’enseignement, EMAS, etc. pour co-construire des parcours inclusifs. Elle prône le développement des services médico-sociaux pour les écoles et le lien avec les familles. 

Pour clôturer cette table ronde, Marianne ARCHER, cheffe de service au CESDA 34 témoige de la mise en place d’une plateforme inclusive qui s’est accompagnée d’un changement de nom à noter : passage du CESDA signifiant Centre d’Education Spécialisée pour Déficients Auditifs à la plateforme CESDA sans signification particulière mais utilisation de l’acronyme uniquement. Le terme de centre peut être en effet enfermant et il était important de préciser cette modification de nom. Après avoir accueilli 99 jeunes en internat, ils ne sont plus que 34 aujourd’hui. L’inclusion est automatique dans leur fonctionnement et c’est uniquement quand l’enfant est en échec scolaire que d’autres solutions sont travaillées. En parallèle de cette transformation, une section autisme a été ouverte au regard du nombre important de nouveaux arrivés avec des handicaps de plus en plus lourds. « Nous avons tout à gagner à jouer le jeu avec l’Education Nationale et notre place sera toujours là car on aura toujours besoin de professionnels de notre secteur. »

Une belle conclusion à cette demi-journée, extrêmement importante pour l’IRS de Provence, qui s’engage dans cette dynamique d’inclusion scolaire. Lors de cette demi-journée, de courtes vidéos réalisées par l’équipe de Clotaire Abraham avec l’aide de Laura Langlais à la communication et Sébastien Lannoy pour la technique, ont pu être présentées, mettant en avant le travail des professionnels IRS, particulièrement engagés auprès de jeunes sourds dans des établissements scolaires marseillais.

Enfin, les invités ont pu découvrir une exposition de portraits photos en binômes (entendant/sourd), accompagnés d’une présentation texte écrite à 2 voix. Une très belle initiative qui pourra être réexposée dans les locaux de l’IRS et présentée prochainement sur le blog de l’établissement. 

Un immense bravo aux organisateurs de cet événement, qui marque l’importance de cette question d’inclusion, un terme pas seulement « à la mode » dans notre secteur mais que nous souhaitons bien au contraire travailler en profondeur…

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